Autoportrait
Autoportrait
Ma main l’a prise au milieu d’un tas
D’autres photos qui hibernaient dans un tiroir en bois…
C’est quoi ce regard qui regarde au loin sans savoir ce qu’il voit
Et qui semble renfermer un épisode de mon passé à moi
Au moment où je scrutais l’horizon ou peut-être pas
C’était juste un oiseau sur un arbre à quelques pas
Ou un incendie à quelques enjambées de là
Ou encore l’orage qui s’approchait et c’était comme s’il venait sur moi
Mystère ! Mona Lisa pousse-toi !
On y voit tout et rien, de l’insouciance du désagrément
Un épatement un dévouement
Une lassitude une affection un affront ou peut-être même une consternation
On ne saura jamais quoi malheureusement
Car ma mémoire sélective n’a rien gardé
De cet instant T au moment où cela s’est passé
Elle me renvoie une sorte de néant façonné
De bulles d’air vide de rien et des zéros entremêlés
Alors quoi décrypter ?
Une lumière sur le visage ne donnant pas l’heure qu’il était
Des cheveux rebelles en bouclettes encore mouillées
Une chemise ouverte et un torse bombé
Et un médaillon qui se cache en bas de mon buste enchaîné
Qui m’a pris en photo et comment a-il-fait ?
Lui avais-je demandé ou seul a-t-il décidé ?
Était-il petit ou s’était-il baissé ?
Pour me donner de la hauteur et me valoriser !
Tel un esthète j’en avais peut-être besoin sur le moment
Sur une plage, où tout le monde imitait Apollon
Même sans biceps on cherchait le regard toisant
Qui savait aussi admirer les vagues et leur volume moussant
Charmé, ébloui, conquis ! Mais
Rien de rien de cette histoire, vous n’en tirez
Excepté, des interrogations et des pointillés
Mais ne restez pas sur votre faim et sachez qu’à cet instant T
J’étais déjà rentré dans mon attendue et tendre majorité
Déjà tant d’années révolus ! Ouf ! J’étais inconsciemment majeur ! Mais gardez le secret !
C’était l’entrée dans la cour des grands
Celle des hommes adultes qu’on appelait les gens
Dont j’enviais la force et le courage patent
Tout en rejetant leur autorité et leur ton changeant
J’étais alors comme eux mais ne sachant rien faire
Tantôt rien dire et tantôt rebelle et ne rien taire
Il fallait pour encore des années entières
Rester encore enfant chez papa père et maman mère !
Oui, enfin !
Par incapacité j’ai gardé les pieds sur terre !
Pour enterrer doucement ma folie d’ado et d’enfer
Dessiner mon avenir d’une façon plus claire
Avant de sauter comme une vipère
Dans le grand inconnu, j’ai nommé l’outre-mer !
W.S. 18.12.2020
