Les gens

Les gens

Il y a des gens et des gens
Des grands des sots des blancs et des vieux
Et bien sûr leurs contraires, si on veut
Les distinguer parait être un jeu
Des uns il y en a beaucoup
Des autres, très peu

Il y a des casaniers de nature, vivant derrière des portes fermées
Tout se passe à l’intérieur, le bien ou le mauvais
Ils prennent à peine le temps de se ravitailler
Ils ne connaissent pas même leurs voisins de palier
Même dans la nuit noire ils cherchent à s’invisibiliser
S’enferment à double tour et dorment comme des bébés
Ils imitent les loirs dans leur façon d’hiberner
Car pour eux, bien vivre, c’est vivre cachés
Pour eux « il fait beau » signifie « il fait paix »
Rien à rajouter

D’autres au contraire sont là pour se montrer
Il y en a qui font tout pour le plaisir de se voir à la télé
Être partout sur les murs les écrans et tout support de publicité
Être le nombril du monde et heureux de s’y aventurer
Plonger les yeux fermés dans des scénarios sans savoir qu’on est manipulé
Pourvu qu’ils soient reconnaissables applaudis enviés et adulés
Mais la fin de l’histoire n’est pas racontée
Et souvent facile à deviner

Il y en a ceux qui comptent les sous comme on compte les cailloux
Il y en a qui comptent les gouttes de sueur sur le front et les joues
Il y en a qui travaillent comme des fous jusqu’à se tordre le cou
pour un salaire de misère insignifiant, pour le quotidien et son coût

Il y en a qui pètent la forme et qui font rien de leurs dix doigts
nés dans du coton et tout brille autour de soi
Il y en a qui, cloués dans une chaise, font avancer la science en découvrant de nouvelles lois
Mesurez la différence, le résultat vous laisse sans voix

Il y en a qui prient, leur humilité leur fait baisser le ton
Se contentent de presque des chuchotements
D’autres prient à « cor et à cri » mégaphone aidant
Et s’acharnent en se prosternant à s’estampiller sciemment le front

‘ y en a qui croient que tout s’achète
L’or l’argent les bagnoles et les jets
L’amour le respect la gloire
Sans même connaître le prix d’une baguette
Mais finissent seuls sans que personne ne s’en inquiète
Dépourvus d’amour de tendresse et sans, autour, la moindre silhouette
‘ y en a qui commandent au doigt et à l’œil des empires entiers
Mais ignorés jusqu’à l’existence par de simples bergers
‘ y en a qui croient de ne jamais mourir et rêvent d’éternité
Mais succombe à une simple grippe mal soignée

L’humain est juste une machine
Subissant de grandes tempêtes ou juste de la pluie fine
Le sort final est le même : une finitude, un retour à la poussière d’origine
Que certains appellent, la volonté divine

Notre grande différence n’est pas dans la junte masculine ou féminine
Mais dans le vouloir rester debout ou courber l’échine

La vie au quotidien est une école
Où tu apprends tout, sans protocole
Ni mauvaise note ni exclusion ni colle
Faut savoir ouvrir les yeux attraper les idées en plein vol
Même celles de ton ennemi, fais-en tiennes ce n’est pas un vol

La vie nous apprend plus qu’il n’en faut
Lire entre les lignes comprendre les demi-mots
Décrypter les signes
Trier les vrais des faux

S’adapter aux changements
Surpasser les disettes et les frustrations
Tirer des leçons des échecs et des manquements
Savourer les victoires avec humilité et sans humiliation

Avoir l’œil perçant et l’ouïe fine
Entendre les pensées des autres en regardant leur mine
Prendre soin de ceux qu’on aime et être digne
Les rassurer en mettant leur mal en sourdine
Sécher leurs larmes, redessiner leur sourire
Leur dire qu’on peut toujours subir le pire
Et pour éviter cela, ‘ faut avoir foi en l’avenir

Apprendre de la nature l’ordre des choses et leur liaison
La charrue avant les bœufs est une aberration
Après un effort faut une pause et une collation
Après une dispute, un geste et ne réconciliation

La rivalité existe même dans les quatre saisons
Et chacune d’elles dit avoir raison
De changer la couleur de l’horizon
Peindre les contours chacune à sa façon
Pour faire un cycle, un an, une révolution

Je regarde et pour ne pas voir je ferme les yeux
Je lis, comprends mais interprète pas forcément comme eux
J’entends des discours très solennel mais avec des mots creux
Je lis des choses qui m’énervent et d’autres qui me rendent radieux
J’élucide des questions complexes et bute
Sur des problèmes triviaux,
Je dis des mots doux tantôt rudes tantôt je crache du feu
Il m’arrive de confondre « être triste » et « être heureux »

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Je pense et j’écris
Des mots des phrases
Des fois des textes entiers
Je les éparpille sur les routes les chemins et les sentiers
Les champs les prés et les prairies
Et leur évite le voyage dans le monde de l’oubli
Une fois semés
Restera à espérer voir leurs germes
Puis leurs fruits venir à terme
Servir de guide de code et d’apophtègmes