Au fil du temps⏳

Au fil du temps⏳

J’ai raté de peu d’être heureux
J’avais presque tout mais j’étais fou
De jeunesse d’amour et de mes atouts
À moi tout seul j’étais Nous

J’étais un volcan d’amour
Qui ne canalisait ni sa lave ni son cours
J’allais tous azimuts au gré du vent
Mais pour bâtir du solide je disais que j’avais du temps
À la trentaine j’étais le roi du monde
Tout m’était servi sans contrainte sans commande

Les mois se comptaient en jours
Les saisons en cycles courts
Les années, en mois tour après tour
Et tout semblait danser à mes yeux aux alentours
Jusqu’au jour où mes amis de toujours
Commençaient à jouer aux sourds

L’un se dit maintenant marié
L’autre, encore mieux, eu déjà un bébé
Qui les réveillait la nuit pour la tété
Et dès fois juste pour le plaisir de pleurer

Et l’autre… les autres même qui étaient moins sages
Ont choisi des carrières et des voyages
À travers des missions qui les prenaient en otages
Ceux-là leurs téléphones ne sonnent pas d’avantage

Mes amis me manquent de plus en plus
Je me contente de la compagnie de celui qui fut
Pour nous le moins chanceux et le plus tordu
Qui picole matin et soir en crachant sur les vertus

De sa bouche ne sort que ce à quoi il croit
Mais il me fait rire et renforce ma foi

Quand il ridiculise la vie et avec elle la mort
Quand il dit que vieillir est un tort
Quand on est seul on est plus libre et plus fort
Et quand on crève, personne ne pleurera sur notre sort

Il disait aussi « Mieux vaut vivre bien vite et maintenant
Et surtout ne pas attendre demain… »
Bien sûr il disparût dans son présent à la veille de son lendemain…
Là j’arrête mon train et me dis c’est mon tour de chercher un chemin

Et pendant ce temps là…

Le temps passe quand j’inspire
Le temps passe encore, quand j’expire
Mes gestes nonchalants laissent les années fuir
Ma lassitude m’ôte toute forme de désir
Et me met à dos à toute issue d’avenir
Réduisant à néant les chances à saisir

Mon répertoire est désormais périmé
Toutes mes ex se sont envolées
Même celle qui me suppliait
Et à qui je disais qu’elle était
Trop parfaite et moi trop débridé :

L’âme sœur que j’ai snobée maintes fois
A pris sa revanche en me souriant comme autrefois
Entourée d’enfants et d’un homme tel un roi
Je me vis aussi ridicule que petit à cet instant là
J’ai secoué ma tête et pincé mon bras
Suis-je vivant, mort, ou les deux à la fois
Voudrais-je retourner dans le passé ou sauter dans l’au-delà
Voudrais-je respirer ou transpirer
Suffoquer ou hurler
M’amadouer ou blasphémer à ce moment-là ?
Maintenant que je sais que rien ne va
Pire encore rien n’ira, plus loin que mes pas
Tournant en rond ci et là

Ma montre tourne plus vite
Mon visage se crispe et les gens m’évitent
Des étoiles autour de mes yeux gravitent
Je me sens dévorer par des termites
Tel le bois mort d’un vieux gite

Mes rides deviennent des sillons
Qui ne connaitront ni bourgeons ni moisson

Mes jambes me lâchent, mon corps tombe
Mes neurones s’entremêlent et me font voir les souvenirs qui me plombent
Et me donnent envie de chercher refuge au milieu des tombes…

La vie fut du sable qui a filé entre mes doigts
Pendant que je m’assoyais sur le velours et la soie

Mes rêves étaient concrets réels et en plein jour
Mon avenir m’a sournoisement joué des tours
Et m’a appris que la vie est un aller simple sans retour ! ⌛️

W.S. 09 07 2022

J’ai écrit ce texte en pensant à des amis à qui la vie n’a pas fait de cadeau et qui ont disparu sans laisser de traces… Alors qu’à un certain moment tout leur souriait…