Filature du temps

Filature du temps

La vie dans sa course nous offre des choix
Des fois des rêves des fois des faits qui renforcent la foi
Le temps s’écoule ailleurs différemment qu’ici et là-bas
Et ce n’est qu’avec son écoulement que nous subissons son poids
L’échine devient cassante quoique le regard inchangé
Et la mémoire pleine de souvenirs et folies insensées
Qui contrastent avec le présent et ses gadgets récemment inventés…

On avait des livres des disques et des postes cassettes surdimensionnés
Et une dégaine presque affreuse d’outre-mer importée
On était Baba cool quand on voulait et gentlemen quand on dansait
Des cheveux longs même frisés en arrière dégagés
Et des pattes d’éléphant comme socle d’une silhouette à toiser
Nous étions heureux dans le regard même un peu moins dans la poche
Mais on s’accrochait quand même, la vie n’était pas si moche
On vivait d’amour et d’eau fraiche et un dur caractère telle la roche
Et on frimait quand on allait bras dessus bras dessous au cinoche
On s’envoyait des missives et des cartes postales
Des télégrammes et mandat de la poste centrale
Le facteur était l’ami de tout le monde et passait à onze heure pile poile
Jamais il ne râlait quand on l’arrêtait pour lui demander le journal

Le laitier venait à nos portes nous livrer le lait
Avec modestie il osait à peine demander
Du regard et avec courtoisie qu’on le paie
Caractère qu’on trouve aussi chez l’épicier et le boulanger

Et puis un jour, le temps nous joua un tour
On se retrouva face au même miroir et en plein jour
Différent d’hier dans le teint l’expression et les contours
Et ce changement est répercuté même aux alentours
L’environnement n’est plus le même
La famille les voisins les amis idem
Le goût des légumes et des fruits que j’aime
Ne restent que les souvenirs du temps de la bohème

Le monde moderne est une autre histoire
Il faut le vivre pour y croire
Aujourd’hui nous sommes occupés matin et soir
Les uns à s’enrichir les autres à broyer du noir

On se dispute la télécommande
Pour zappez sur mille chaînes et des films à la demande
Jamais content de ce qu’on regarde
Mais on regarde quand même et on se barde
De niaiseries et de news politicardes

On passe d’un écran à l’autre tour à tour
Sans écouter nos neurones qui appellent au secours
Nos cerveaux bouillonnent comme dans un four
Mais on s’acclimate bien à la magie de plusieurs tours
Hypnotisés et plus morts que vivants sur un canapé en velours

Dehors le smartphone est roi
Les têtes plongées dedans sans savoir pourquoi
Qui fait quoi qui parle à qui et qui joue à quoi
Même les rois n’ont pas eu ce privilège d’avoir tout à la fois
Des recettes culinaires aux différents articles et lois
En passant les livres saints et les fatwas
Aimer d’un pouce vers le haut sinon vers le bas

Le joujou nous annonce la pluie et le beau temps
Tout le bien de Dieu et tout le mal de Satan
Mais derrière tout ça des hommes faisant semblant
De sauver le monde dont ils annoncent la fin prochainement
Si on leur obéit pas bien sûr… Cela dit en passant

Les maîtres du monde nous agacent…
Mais pour ne pas vous gâcher le moment présent on passe
Sur leurs manigances on double d’audace
Et
Sur leur plan machiavélique on fera l’impasse !

Inchallah comme disent les Bretons !
😄
Vous avez vécu ce cheminement historique ? Alors vous êtes du bon côté de la barrière… que dis-je, vous êtes même à cheval sur la barrière car vous êtes la première et la dernière, donc la seule génération qui a vécu cette transition d’avant et après Internet ! La seule génération qui peut encore transmettre ce vécu historique, de bouche à oreille en tant qu’acteur et témoin d’une époque à jamais révolue. Prenez-en conscience et oeuvrer pour une continuité consciente des enjeux futurs, une continuité qui intègre l’art et la manière de débusquer l’ennemi, l’isoler et le mettre hors d’état de nuire !

Moi le 07.01.22