Taire la terre, taire la vie

Taire la terre
Plus rien ne peut plus pousser
Plus respirer
Tout brûle tout suffoque ou tout se noie
L’apocalypse est à la carte, au choix
Au feu,
Au raz de marée au co2 ou tout à la fois
Et puis tout se tarit
Les sources d’eau pure et la pluie
Le bruit de la forêt dans le silence de la nuit
Tout meurt
Les cœurs
Les senteurs
Les crissements les rugissements et les grognements
Les proies et leurs prédateurs
La faune et la flore
Les abeilles et les fleurs
Et tout ce qui vit dans la ferme
Est condamné à terme
Les vaches et les brebis
Les chiens et leurs maîtres
Et au-delà, tout ce qui venait à naître
Les chenilles futures papillons
Les embryons en gestation sans espoir d’éclosion
Les oiseaux les reptiles et même les grillons
Les arbres les jeunes pousses et l’herbe
S’effacent rendant la terre imberbe
Sévit alors une désolation macabre
Les dunes de sable et les falaises asséchées
Dépouillées
N’ont plus rien à offrir que leur nudité
Ainsi que
Les montagnes et les grottes ensevelies
Les forêts de chênes et de buis
cèdent la place aux minerais enfouis
Diamant or argent et aussi
Les bijoux les billets de banque les lingots d’or
Et leurs supports les lourds coffres-forts
Les bagnoles qui brillent
Les yotes qui flottent
Et les jets qui ont déserté le ciel là-haut
Pour se cacher et mourir comme des oiseaux
Et se décomposer en rouille non en terreau
Et tout a l’air de ne ressembler à rien…
Le vide cosmique ronge sa proie
Une terre âpre ridée et sans éclat
Proche du néant et loin de celle des Rois
Dans un silence assourdissant
Les abysses des océans
Vident leurs tripes de ce qu’il y a dedans
Des espèces encore étranges à nos esprits d’ignorants
Emmitouflés dans du plastique, produit phare de notre temps
Le temps qu’on qualifiât hier de florissant
C’est alors que surgit le dernier des hommes et se dit
Ciel ! Qu’ai-je fait ? Que « m’ai-je fait ? »
J’ai tué mes semblables et tout ce qui abritait la vie
J’ai essayé même, à tort
De tuer la mort
Je me suis cru Dieu tout en me déclarant impie
J’ai cru tout comprendre mais en fait
J’étais la vie et je me suis détruit !
Je me suis détruit ! A jamais détruit !

Pour une fois, bien avant la fin, tout semble fini !
Mais heureusement que ce n’est qu’un cauchemar
Il reste de l’espoir ! Beaucoup d’espoir !

W.S. 10.09.20